Sainte Marie-Madeleine, apôtre des apôtres : l’amour pardonné

Elle apparaît dans les Évangiles sans passé, ou presque. Marie, appelée Madeleine — c’est-à-dire originaire de Magdala, une ville sur la rive ouest du lac de Tibériade. Luc dit simplement : « sept démons étaient sortis d’elle » (Luc 8,2). Rien de plus. Ni ses fautes, ni son histoire ne sont racontées. C’est le silence biblique le plus éloquent : Dieu ne s’attarde pas sur nos blessures anciennes. Il regarde ce que la grâce peut faire d’une vie.
Longtemps confondue avec la pécheresse anonyme de Luc 7 ou avec Marie de Béthanie, l’Église contemporaine — depuis Jean-Paul II jusqu’à François — l’a restaurée dans son identité propre : celle d’une femme guérie, fidèle, envoyée. Une disciple à part entière.
Guérie, relevée, brûlante
Elle fait partie des femmes qui accompagnaient Jésus et Le servaient de leurs biens (Luc 8,3). Elle n’est pas dans l’ombre : elle marche avec Lui, écoute, aime, suit. L’Évangile la montre au pied de la croix, debout, silencieuse, avec Marie la Mère. Alors que presque tous les apôtres se sont enfuis, elle reste. Elle ne fuit pas la mort, parce qu’elle n’a pas fui sa propre misère.
Marie-Madeleine est la femme transfigurée. Non par l’extase, mais par la gratitude. Guérie, elle aime avec excès. Elle ne retient rien. C’est peut-être elle, selon Jean 12, qui brise un flacon de parfum très pur pour l’embaumement du Christ. Un amour qui se donne sans mesure.
Le matin du monde nouveau
Le jour de Pâques, elle vient au tombeau alors qu’il fait encore nuit. Elle ne cherche pas la gloire, elle cherche un corps. Elle pleure. Elle croit que tout est perdu. Mais quelqu’un l’appelle :
« Marie ! » (Jean 20,16)
Et ce nom prononcé par le Ressuscité ouvre un monde. Elle le reconnaît. Elle veut Le retenir. Mais Jésus dit :
« Ne me retiens pas. Va vers mes frères. » (Jean 20,17)
Il lui confie la première annonce de la Résurrection. Elle devient la première messagère de la vie plus forte que la mort. L’Église la nommera : Apôtre des apôtres (Apostola Apostolorum).
Une figure prophétique pour l’Église
Marie-Madeleine incarne l’Église qui aime, cherche et annonce. Elle est l’icône du cœur humain sauvé par la grâce. Sa place dans l’Évangile est immense : disciple, témoin, envoyée. Par elle, Dieu élève les femmes au cœur de la mission. En 2016, le pape François a élevé sa mémoire liturgique au rang de fête, au même niveau que celle des apôtres. Ce n’est pas un détail : c’est une reconnaissance théologique.
Elle est aussi la figure de ceux qui cherchent Dieu dans la nuit, qui pleurent leur passé, qui désirent toucher à nouveau Celui qu’ils ont aimé. Elle parle à tous les cœurs blessés, écorchés, brûlants.
Dans le jardin : le nouvel Éden
Jean situe la rencontre au jardin. Ce n’est pas un hasard. Le premier jardin, en Genèse, avait vu la rupture entre Dieu et l’homme. Celui-ci devient le lieu du recommencement. Marie-Madeleine est la nouvelle Ève, celle qui pleure mais entend à nouveau la voix de Dieu. Elle est le premier témoin d’un monde nouveau. Par elle, l’humanité retrouve son Nom, son Visage, son espérance.
Une présence dans la mémoire mystique
La tradition veut qu’elle ait fini ses jours dans la grotte de la Sainte-Baume, dans les montagnes de Provence. Là, dans la solitude et la prière, elle aurait vécu dans la contemplation, nourrie par l’Eucharistie, consumée par le souvenir de Celui qu’elle avait vu vivant.
Bernard de Clairvaux, Grégoire le Grand, et tant d’autres Pères l’ont célébrée. Les mystiques voient en elle l’épouse du Cantique, l’âme transpercée qui ne peut aimer qu’un seul Nom. Elle inspire la foi de celles et ceux qui cherchent sans relâche le Christ perdu, dans les ruines de leur vie ou les matins encore sombres.
Marie-Madeleine aujourd’hui
Elle est notre sœur quand nous tombons. Notre miroir quand nous pleurons. Notre guide quand nous nous obstinons à aimer même dans l’absence. Elle nous rappelle que Dieu ne choisit pas les parfaits, mais ceux qui consentent à être relevés. Elle est la voix qui dit : « Même si tout semble mort, attends encore : l’aube vient. »
Prière à sainte Marie-Madeleine
Sainte Marie-Madeleine,
Toi la guérie, la brûlante, la fidèle,
Tu as su aimer jusqu’au tombeau,
Et attendre, même sans comprendre.
Obtiens-nous ce regard qui cherche Jésus dans la nuit,
Cette foi qui persévère quand tout est vide,
Et cet amour qui ne se résigne jamais.
Apprends-nous la tendresse courageuse,
Et donne-nous de reconnaître le Ressuscité
Quand Il prononce à nouveau nos prénoms.
Amen.
Dans la lumière de Marie-Madeleine – Questions d’aujourd’hui
Pourquoi Jésus a-t-il choisi Marie-Madeleine pour annoncer la Résurrection ?
Parce que l’Évangile renverse les logiques humaines. Jésus confie l’annonce la plus décisive de l’histoire à une femme, autrefois blessée, aujourd’hui brûlante d’amour. C’est un choix prophétique : Dieu choisit les cœurs qui aiment, non ceux que le monde estime. Elle devient ainsi l’icône de l’Église qui reçoit, croit et annonce.
Marie-Madeleine était-elle une prostituée ?
Rien dans les Évangiles ne l’affirme. Cette association vient de confusions anciennes entre plusieurs femmes. L’Église aujourd’hui ne la désigne plus ainsi. Elle est « Marie de Magdala », libérée de sept démons, disciple du Christ. La force de son témoignage vient de la transformation radicale opérée par la grâce, pas de son passé supposé.
Pourquoi l’Église l’appelle-t-elle « Apôtre des apôtres » ?
Parce que Jésus lui confie la mission d’annoncer aux disciples sa Résurrection. Elle est donc, historiquement, la première à proclamer la victoire du Christ vivant. Ce titre, repris dès les premiers siècles (notamment chez Hippolyte de Rome), souligne son rôle unique dans la naissance de l’Église.
Quel lien a-t-elle avec la liturgie actuelle ?
Depuis 2016, sa mémoire liturgique a été élevée au rang de fête par le pape François, en reconnaissance de sa mission évangélique. Elle est ainsi honorée dans le calendrier au même titre que les apôtres masculins. Cette décision théologique réaffirme l’importance de son témoignage pour toute l’Église.
En quoi parle-t-elle aux croyants d’aujourd’hui ?
Elle est le visage de ceux qui tombent et se relèvent. De ceux qui cherchent Dieu dans la nuit. De celles et ceux qui aiment sans retour, sans garantie, mais avec une fidélité pure. Elle nous apprend que l’histoire n’est jamais finie, même quand tout semble perdu.
Peut-on voir en elle une figure mystique ?
Oui. Les Pères de l’Église et les mystiques chrétiens l’ont souvent associée à l’épouse du Cantique des Cantiques, à l’âme en quête de l’Aimé. Elle incarne la contemplation, la tendresse, l’union du cœur à Dieu. Elle est aussi la femme silencieuse qui voit ce que d’autres ne perçoivent pas encore.
Pourquoi Jésus lui dit-il : « Ne me retiens pas » ?
Parce qu’il l’appelle à une foi nouvelle. Jésus n’est plus seulement le Maître visible, mais le Ressuscité vivant dans l’Esprit. Elle doit passer de la présence physique à la mission. Ce détachement n’est pas un rejet, mais un envoi. Comme nous, elle est appelée à aimer le Christ sans le voir, mais en le reconnaissant dans l’appel de son nom.
Que signifie son geste de parfumer Jésus ?
Ce geste, s’il lui est bien attribué, est d’une force symbolique immense : elle donne ce qu’elle a de plus précieux, par amour. Elle anticipe l’ensevelissement, mais sans savoir qu’elle prépare déjà la Résurrection. Ce parfum est le signe d’un cœur totalement livré.
Est-il vrai qu’elle a fini sa vie en Provence ?
La tradition provençale affirme que Marie-Madeleine, avec Lazare et Marthe, a quitté la Terre Sainte après la Résurrection et a accosté en Gaule. Elle aurait fini ses jours dans la grotte de la Sainte-Baume, vivant en ermite. Si cela ne relève pas de l’histoire vérifiable, cette tradition témoigne de la fécondité spirituelle de son exemple.
Peut-elle être une sainte pour les femmes d’aujourd’hui ?
Absolument. Elle est une femme forte, libre, aimante, debout. Elle est la première témoin, la première missionnaire, et une figure de l’amour sans condition. Elle inspire celles qui veulent aimer jusqu’au bout, même dans l’échec ou l’attente. Elle rappelle à tous que l’Évangile est d’abord un appel personnel, prononcé dans le silence : « Marie ». « Toi ».
Souviens toi
Au temps où tu priais
Du temps passé à tes côtés
Souviens toi
Doux Jésus
De cette créature
Souviens toi
De celle
Que tu préférais
Souviens toi
Tendresse habitée
Par l’amour divin
Et toi Marie Madeleine
Que tes nuits et tes jours
Furent comblés
Et toi Marie Madeleine
N’oublie pas
La douceur de l’agneau
Pour les siècles des siècles
AMEN
Vous pouvez retrouver l’histoire de Marie-Madeleine en entier dans tous les épisodes de « The Chosen » en français et de nombreuses autres langues… in a encore à voir en France les 2 derniers épisodes, dont la crucificxion…